Article paru initialement dans Cosmopolitan, février 2000.

« Une bonne petite claque sur le postérieur, ou plusieurs, ça réchauffe l’atmosphère et ça met de bonne humeur. Mais aucune honte à avoir, c’est vieux comme l’érotisme.

Une bonne petite fessée

Ne soyons pas faux-cul, la fervente des claques sur les fesses ne peut être qu’une maso, une soumise qui s’abandonne à son partenaire dominant. Comme disent les connaisseurs, il faut un certain « vernis » de SM (sado-masochisme) pour accepter ou réclamer une fessée.

D’où viendrait donc ce goût pervers par les gens « normaux » ? Peut-être de la fessée donnée par le papa à sa petite fille, mais la relation n’est pas obligatoire. Claques et fessées administrées aux gamins sont aujourd’hui controversées par certains psy : elles fabriqueraient des adultes violents, des parents maltraitants.

Mais restons à nos jeux érotiques entre adultes consentants. Ce plaisir particulier serait un mélange de sensations fortes et troublantes mettant en question l’intimité profonde, le désir de soumission, de sévérité, de protection, le tout assaisonné de réminiscences d’enfance. Les zones érogènes se déchaînant sous la chaleur des frappes, pourquoi donc s’en priver ? A cause des blocages et barrages en tous genres de notre sexualité féminine complexe ?

Pourtant, des fesseurs comme l’écrivain Jacques Serguine, auteur de L’éloge de la fessée (éd. Blanche), ou Alexandre Dupouy, auteur d’une Anthologie de la fessée (éd. La Musardine), soutiennent que la majorité des femmes auraient envie d’être fessées sans oser se l’avouer. D’après ces spécialistes, offrir notre derrière est juste une question de mise en situation.

Et d’habile présentation de la chose.

Il est vrai que le fantasme ne se réalisera pleinement qu’au sein d’une relation de totale confiance avec son partenaire dominant. Quand on s’aime, le jeu est alors chargé de tendresse, de séduction, d’échanges de regards, de paroles.

Entre complices bien rodés, tout peut être prétexte à une joyeuse fessée punitive, même et surtout le quotidien. « Chéri, j’ai encore cassé un verre. » « Ma douce, tu as oublié d’acheter de la moutarde. » Et c’est parti. Dans l’instant (ou plus tard), la main vénérée pourra s’abattre sur la croupe de la soumise pour le plus grand plaisir des deux protagonistes.

Après, c’est à chacune de choisir son rythme. Les plus réservées se contenteront d’une fessée de temps à autre, les plus accro iront jusqu’à des jeux très élaborés, voire mathématiques, et exigeront du dominant un nombre de frappes défini en fonction des circonstances.

Et l’orgasme dans tout ça ? Il peut intervenir au moment de l’attente fébrile des premières claques ou pendant l’action. Mais, dans la plupart des cas, la fessée est plutôt une mise à feu des zones érogènes et le prélude à une partie de jambes en l’air ébouriffante.

Quant aux hommes, ils peuvent aussi être demandeurs. À ce propos, quid des délires du marquis de Sade ? Là, on ne joue plus dans la même cour de récré. Le sadisme pur et dur implique une cruauté volontaire, intellectualisée ou théorisée comme un « art de vivre ». Il n’y a pas de partenaires complices, ni partage de l’émotion, mais un bourreau et une victime non consentante, une pratique à sens unique où seul le sadique éprouve du plaisir à martyriser.

Pouf, restons soft et cherchons plutôt des références dans les images et lectures de punitions infligées aux enfants. La plus redoutable prosélyte de la fessée ne serait-elle pas notre chère comtesse de Ségur ?

Si vous êtes une petite fille tentée par le jeu mais complexée par la rondeur de votre croupion, cessez de vous lamenter : les fesseurs n’apprécient que les culs très rebondis. Les mannequins anorexiques n’ont aucune chance, saississez la vôtre. »